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Vous avez flâné entre les belles pierres de ses vieux quartiers ? Vous avez pris le large avec son Musée de la Vilaine maritime ? La Roche-Bernard et ses ponts vous réservent encore quelques surprises ! De tempêtes en accidents, remontez le temps et découvrez la folle histoire de leur construction.
Story time : Le Pont de La Roche-Bernard
1 / Jusqu’au XIXe siècle : on sort les rames !
Le saviez-vous ? Avant la construction du pont que nous connaissons, il fallait avoir le bac (pas celui du lycée, l’autre) pour traverser la Vilaine. Cette petite embarcation à fond plat d’environ 11 mètres sur 3,50 déplaçait hommes et animaux à la force des bras. Le passage du bac se faisait la plupart du temps au niveau de la Vieille Roche en Camöel ou du Guédas.
Si l’ergonomie n’était pas folle, imaginez la sécurité ! En cas de mauvais temps, la force du vent et la marée pouvaient vous déporter jusqu’à 2 km, comme en témoigne l’aventure du Préfet du Morbihan lors d’une visite au Maire de La Roche-Bernard. Parti en bac vers 22h pour regagner Vannes, il n’arriva sur l’autre rive qu’à 4h du matin après une expédition mouvementée ! Arrivé au bureau, il classa le projet de création du pont « urgent ». On le comprend.
Marée : 1 – Bac : 0
2 / 1839-1911 : Le pont suspendu
Pierre Leblanc, ingénieur des Ponts et Chaussées décrit ainsi la première version du pont :
« Un monument gigantesque, dont les piliers téméraires, qui pressent le sol avec un poids de plus de 13 millions de kilogrammes, s’élèvent minces et isolés, à une hauteur qui, à une vingtaine de pieds près, atteint celle des tours de Notre-Dame, et au sommet desquels se balance, harcelé par les tempêtes si fréquentes sur les côtes de l’Océan, un pont suspendu d’environ 200 mètres de portée ».
On ne jette pas la pierre à Pierre, mais l’ensemble n’est pas hyper solide et les fils de fer qui soutiennent le pont finissent par lâcher en 1871. Le tablier (pas celui pour faire la cuisine, l’autre) est définitivement hors d’usage.
Un second ingénieur Georges Forestier aura en charge la transformation du tablier en voie unique en 1872. Premier problème : les gens manquent de s’envoler au premier coup de vent. Deuxième problème : elle est tellement étroite qu’il est impossible d’y passer à deux charrettes. Les incidents se multiplient, le trafic s’engorge, bref la grogne monte. Troisième problème : c’est censé être provisoire. Sauf que ça dure 40 ans. Bravo Georges.
Tempête bretonne : 1 – Pont suspendu : 0.
3 / 1911- 1944 : Le pont en arche
Concours de ponts en 1906. Combinant voie de circulation et voie de chemin de fer, le modèle Eiffel en arche métallique est retenu. Après une construction houleuse sur les fondements du premier, il voit le jour en 1911. Les probabilités pour que la foudre frappe une mine allemande posée sur le pont ? Aucune. Et pourtant c’est arrivé. En 1944, à 15 h.
Récit de la chute du pont par le Docteur Cornudet, alors Maire de La Roche-Bernard.
« J’étais à ma fenêtre, contemplant le terrible orage qui s’est abattu sur la région, lorsque je vis notre belle arche s’abîmer lourdement dans la Vilaine. L’orage sévissait avec une telle violence, que je ne puis distinguer le bruit de l’explosion des bruits du tonnerre. »
Foudre et mine allemande : 1 – Pont en arche : 0
4 / 1944-1948 : Back to bac
C’est le retour du bac. Pour les 4 ans qui suivent. La Roche-Bernard reste privée de pont.
5 / 1948-1960 : La passerelle flottante
En 1948, une passerelle flottante provenant du débarquement allié à Arromanches est installée. Prudente, elle inclut un système de pesée des véhicules ainsi qu’un refuge pour piétons de tout son long. Ce n’est pas une révolution, mais c’est toujours mieux que le bac. Sauf pour les oreilles rochoises ! La traversée fait un tel vacarme qu’elle s’entend depuis les hauteurs de la ville. Le Tour de France emprunte quant à lui la passerelle en 1954.
6 / 1960 : Le pont actuel
Le nouvel ingénieur des Ponts et Chaussées s’appelle Robinson (pas de blague, promis). Il prend alors exemple sur le pont de Tancarville en Seine-Maritime pour construire son ouvrage. Ce sera la version définitive, celle que l’on peut désormais emprunter.
Le pont en chiffres :
- Longueur : 406, 08 mètres
- Hauteur au-dessus de l’eau : 54 mètres
- Passages par jour en saison estivale : entre 30 000 et 40 000 véhicules
Le Pont du Morbihan
Pour désengorger le trafic, un deuxième ouvrage est construit en 1996 : le pont du Morbihan. Situé à 600 mètres à peine du premier, il accueille la 4 voies qui relie Nantes à Brest.
À ne pas manquer : la passerelle piétonne située sous le pont ! Elle permet de relier les deux rives tout en profitant de la vue sur le fleuve.
A ne (vraiment) pas manquer : le circuit de randonnée de La Roche-Bernard qui emprunte également la passerelle. Ce n’est pas tous les jours que l’on passe à pied sous une 4 voies !